Des molaires incisives #21/12/2023
Aux molaires en colère, et aux incisives décisives
Chers dictons populaires, chers « arracheurs de dents du bonheur qui grince »,
« Grincer des dents »
En général, ça concerne les grosses dents du fond.
Pourquoi associer nos colères et ruminations, à de sombres molaires cachées sous les joues (ah ! si on pouvait les reléguer à la cave…) ?
Des colères comme des maux qu’on ne doit pas montrer, « Mais non ça fait pas mal, tu dis n’importe quoi, et arrête ton cinéma ! », des mots qui dérangent, « Ah, mais tu vas te taire, oui ? »
« Les dents du bonheur »
Expression propre aux dents de devant, les incisives.
Pourquoi associer le bonheur incisif à une façade mise en avant, un paraître superficiel plutôt qu’à un être profond ?
Parce que nous sourions quand nous sommes heureux, bien sûr. Mais alors, les molaires n’auraient pas le droit au bonheur ? et ce bonheur ne serait montrable qu’à l’avant de la scène ?
Plutôt que de se focaliser sur une esthétique collective, un stéréotype fantasmé made in American Dream (« des dents alignées, blanches et lisses, s’il vous plaît Docteur »), plutôt que de faire la gueule parce qu’elles ne sont pas comme on voudrait (ah tiens), et aussi parce qu’on a soudainement mal (ah c’est ballot) à cause de la grosse moche du fond qu’on a oublié de faire soigner, ben oui celle qui nous chatouille parfois, mais bon ça va elle s’était calmée depuis l’année dernière… (Je t’avais dit qu’il fallait la mettre à la cave, celle-là !)
Et si on les écoutait un petit peu plus ?
Et si les molaires avaient le droit de s’exprimer tout haut, et les incisives de faire la tête de travers, et de ne pas être comme tout le monde, hein ?
Laissez-les vivre, un peu…
Laissez-vous vivre, un peu…
Sortons de nos caves et allons prendre l’air, beaucoup.
Audrey, passionnément, à la folie !