Jour de pêche – Flow du #13/02/2024

petite fille assise sur la jetée et qui regarde la mer phare au loin mer calme photo noir et blanc bnw

Jour de pêche – Flow du #13/02/2024

Flow Session

 

#creativite #momentpresent #vivant

 

 

Jour de pêche

 

 

 

 

Ici, la mer n’est jamais loin. Nous avons ce matin, un beau soleil d’hiver. Il y a souvent quelques goélands qui miaulent dans le calme occitan. Ce matin, j’ai besoin.

Trouver de l’espace pour écrire, créer : j’ai faim.

Beaucoup de contraintes, ces derniers mois, pour lancer le business. (Business de livres, ça me fait marrer, mais c’est comme ça que ça se passe ici, on l’appelle comment : la vraie vie, ou la vie d’en bas ? Bref.) Envie d’aller pêcher mes idées, et ce matin, j’en avais plein devant moi. Et des jolies en plus, qui me plaisaient bien. Alors j’ai attrapé mes feuilles blanches et le Bic que j’aime bien, et je les ai laissées sortir, courir, jouer. J’adore les regarder, on dirait des enfants dans la cour de récré. Et moi je suis sur mon banc, à les contempler.

 

 

*

 

 

Comme un pêcheur, assis au bord de la jetée.

La digue. Le même ciel d’hiver avec ses goélands qui miaulent. Besoin de calme, de silence. Attentif. Tout à sentir la ligne, les touches, les vibrations. Attendre. Dérouler patienter laisser passer. Le fil les minutes l’air.

Quand il semble immobile, c’est tout son monde intérieur qui bouge, le vrai le sensitif, celui qui écoute, celui qui entend. Et quand ça mord, soudain les réflexes : pas de mental, pas de pensée grise, juste le corps, l’action, le mouvement originel, la pensée cible et claire. Il pêche.

J’écris.

Même quête — non, une quête c’est chercher. Nous, on ne cherche pas, on trouve : même moment suspendu. Oui.

Il pêche, j’écris. Je déroule mes phrases comme une ligne de mots, mes pensées sont un miroir liquide, une frontière mouvante entre ce qu’il s’y reflète et ce qui remue imperceptiblement sous la surface. Invisible présence flirtant avec le tangible, un « je suis là » bien caché.

On devine sa présence, l’idée — la proie ? Pas vraiment, c’est elle qui vient à nous et c’est nous qui tournons autour d’elle. C’est elle qui vient s’offrir, à nous de l’accueillir. C’est le jeu. Le je. Elle fait semblant de fuir, son essence est dans la grande nature, ni petit panier fermé, ni petit papier glacé. Sauf les jours de pêche, comme aujourd’hui. Et demain aussi. Sinon comment saurait-on qu’elles sont là ? Qu’elles s’offrent ? Elles sont la vie autour de nous, nos cadeaux quotidiens.

Elle tourne jusqu’à ce qu’on la voie, attente, cache-cache, jeu de piste patient, jusqu’à saisir son corps : palpitant, éclatant, vivant. Vibrant. On la tient entre nos mains, son froid est chaud, son gluant est doux.

Elle nous regarde de ses deux points noirs, minuscules yeux d’encre vers l’infiniment grand qu’elle emporte avec elle. Alors on la relâche et on l’écrit :

Jolie prise !

 

 

*

 

 

Dorade ou tirade, la voilà repartie.

S’offrir plus loin à d’autres, aux yeux chercheurs, aux mains curieuses, aux corps fatigués, aux idées un peu mortes.

La voilà repartie, leur insuffler la vie.

 

 

 

 

Audrey, vivante, le 13 février 2024

 

 

 

Télécharger le pdf : audreyfario – jour de pêche – nouvelle

Merci pour vos partages

Post a Comment