« Le temps passe… #lachronique
…Quelque chose qui s’efface » a dit Jules Romains
Jeudi, 5 heures #01/02/2024
Bonjour les yeux !
… et bienvenue chez moi, dans ce petit bout de ma tête qui parle !
« Qu’est-ce qu’il est passé vite, ce mois, on est déjà le premier ! Ça passe à une vitesse, hou là là ! »
Oui, le temps passe et ce n’est pas un scoop, c’est même devenu une (agaçante) évidence parmi nos injonctions de bien-être, carpe diem et jeunisme (et bientôt vieillisme).
Le temps passe, et alors ?
Oui on n’a pas le temps,
Oui on subit des contraintes extérieures,
Oui on est maladroit,
Oui on est stressés par tout ce qu’on a à faire,
Et oui on devient moche quand on est décrépi (j’ai pas dit « vieux », hein). Mais on n’a pas le choix, il faut rester dans les clous (ça fait un peu Jésus, dit comme ça, sans vouloir choquer). Bon. C’est super tout ça. Optimisme débordant.
Mais… plutôt que d’en pleurer, plutôt que de bouffer des thérapies anti-stress et de se lifter la tronche (qui de toute façon retombera plus tard, comme tout le reste, puisque ce n’est qu’une question… de temps), si on revoyait plutôt cette petite voix qui nous serine que ce n’est jamais assez vite / bien / ou efficace ?
Si on l’envoyait balader, cette injonction, cette culpabilité ?
Qui est-ce qui nous a donné mille choses à faire dans la journée-semaine-mois-année ? préparer le déjeuner, faire les courses, sortir le chien, acheter des nouvelles baskets pour le gosse, aller au travail, travailler, rentrer du travail, prévoir les prochaines vacances, aller voir Mémé, vite partir en week-end, vite se reposer, le lave-vaisselle, la voiture, merde la box elle marche plus, où t’as mis mes lunettes, t’as pas fini tes devoirs ? qui c’est qui n’a pas remis le P.Q. ? merde le chien, je l’ai oublié.
Certains sont plus rapides, d’autres moins, pareil pour l’attention, les erreurs, l’anxiété, etc. mais bon, à l’heure de l’uniformisation des smartphones et des individus, l’atypie n’est pas super tendance. Nous naissons pourtant bien tous différents :
Nos étiquettes sont d’abord celles qu’on nous donne, et après ?
Nos seules étiquettes sont celles que nous avons bien voulu garder
De vieilles étiquettes qu’on garde pour se rassurer, comme de vieilles habitudes. Comme des vieilles habitudes de vieux, et vous avez envie de devenir un jeune- vieux, vous ?
Une chose est sûre : nous sommes tous, aujourd’hui, d’anciens jeunes ou de futurs vieux. Et nous avons tous le choix de regarder les enfants et le jardin grandir, nous avons tous le pouvoir de décider ce qui est important pour nous là maintenant tout de suite. Et pour demain. Et le temps passe, c’est certain.
Nous avons tous ce pouvoir de ne pas décrépir et de rester utile (ne serait-ce qu’aux abeilles, qui sont dans le jardin qui pousse), de rester jeunes (à l’intérieur, du coup) et beaux (c’est comme les yaourts au bifidus, ça se voit à l’extérieur) et de faire une pause-clope au boulot, oui même et surtout les non-fumeurs (pourquoi ce serait réservé aux fumeurs ?)
Allez, je vais sortir le chien. N’oubliez pas votre pause-clope.
Audrey Fario, ralentie à son insu, le 22 septembre 2023