SUSHIS & ORIGAMIS #lachronique
Avec Amélie & Muriel Barbery / Japon, part. 2
Jeudi 5 heures #30/05/2024
Retour au Japon, point commun entre la calligraphie de jeudi dernier et Amélie (Nothomb), M. Barbery, l’origami et les sushis.
Je lis…
Toujours dans le papier encré : les livres m’ont particulièrement plongée au Japon.
Vers 2005, Amélie Nothomb avec Stupeur et tremblements, où j’avais beaucoup appris et rigolé, devant la désolante dégringolade sociale de la narratrice au Japon.
Quelques années plus tard, Muriel Barbery avec L’élégance du hérisson ; l’adaptation au cinéma (le film Le hérisson) est splendide.
J’ai adoré ce roman, sa délicatesse, ce qui m’a valu de découvrir ensuite Une gourmandise, puis Une heure de ferveur, et enfin Une rose seule (un de mes préférés aussi).
Ces deux autrices ont vécu au Japon, et elles arrivent à transmettre cette indicible délicatesse à travers leurs mots.
La culture nipponne fait la part belle à la nuance, à la légèreté, la sobriété — le sens, le symbolisme, le beau et l’équilibre — qui se retrouve en de nombreux gestes de la vie. Nourriture, poteries, thé, relations générales, tissus, peinture, calligraphie, loisirs, promenades sous les cerisiers en fleurs…
Vibrant. Vivant. Un équilibre évident et parfois contraignant. Discipline et rigueur, pour faire naître harmonie et légèreté — dualité, Yin & Yang — et le plaisir attendu au bout de l’expérience.
Origami
2010, je me passionne pour l’origami.
J’accouche, aussi, c’est vrai, du fameux « 3 kg 320, 47 cm » (le vrai, pas celui en papier. Je ne me suis jamais demandé s’il y avait un lien entre les deux… Sans doute).
L’origami, un monde de papier — encore lui — et de possibilités qui s’ouvre au bout de mes doigts : je deviens capable de rendre une simple feuille carrée, en image vivante et palpitante !
Apprendre, comprendre et assimiler la logique des plis (c’est dans quel sens qu’il faut tourner/pousser/tirer…), rester calme, réfléchir, essayer, ne pas déchirer.
Et soudain la forme qui apparaît dans une satisfaction (le mot est faible) toute rassasiante.
Voilà vraiment un loisir extraordinaire !
D’abord parce que je crois que ça nous reconnecte en profondeur à notre part d’enfance. Et ensuite parce que dans notre sensibilité d’enfant, notre mental d’adulte redevient léger.
Voir sous mes yeux la métamorphose de la forme de base, toujours la même, devenir une petite œuvre, toujours unique : fugace et agréable décharge de dopamine.
Je me suis droguée à l’origami, à un moment. J’ai même réussi à faire une molaire (preuve en image), mais j’ai perdu le schéma des plis.
Sushis
Quelques années plus tard, le bébé accouché étant devenu grand et en âge de manger en toute autonomie, celui-ci me fit (re)tomber dans les sushis et les sashimis : ma fille adore (non, elle vénère) cette nourriture. De mon côté, j’ai pu explorer cette gastronomie dans quelques fameux restaurants parisiens, grâce à mes amies et consœurs, aux pauses-déjeuner de l’ADF et à la ligne Déplacements et frais de congrès de ma 2035.
Une fraîcheur exceptionnelle, des palettes de textures et de saveurs tout en délicatesse : mon palais y retrouve l’harmonie, la justesse, le Beau. Et j’adore ça.
Poterie
Je finirai avec le raku, qui m’a tout de suite attirée, étudiante, lorsque je meublais mon T1 à Toulouse.
Un art de la céramique à nul autre pareil (j’aime les contrastes, les failles et les imperfections, ça doit jouer). Une technique qui permet une créativité extraordinaire. Il peut même être très contemporain ¹.
L’équilibre et la beauté de l’inachevé, du simple, du dépouillé. Il y a de l’émotion dans le raku, de l’humilité, du lâcher-prise, de la légèreté. Une certaine Vérité humaine qui fait vibrer.
D’ailleurs, l’idéogramme Raku signifie « plaisir, bonheur dans le hasard » ; un très bel article ici ².
Le raku touche à la philosophie zen, en particulier au wabi-sabi dont voici ici l’interprétation de cette potière ³ :
« Mon interprétation de la pensée wabi est que la nature est “parfaite” dans son imperfection et dans son unicité. Ainsi, dans la nature, toute chose est unique, chaque rose, chaque flocon de neige… Chacun de mes bols est donc absolument unique.
(…)
Le sabi dans mon travail en raku est symbolisé par la porosité du bol à thé qui permet de bonifier, d’enrichir chaque infusion par la mémoire du thé précédent. Ainsi, le temps qui passe embellit, enrichit les choses et les êtres.
Être plus beau que la minute précédente, quel beau symbole de vieillesse. »
Une découverte du Japon sensorielle, et émotionnelle
Je n’y ai encore jamais voyagé.
En attendant d’aller y faire un tour, je continue de le déguster : en livres, en tracés ou en pliages, ou dans l’assiette.
Pour le plaisir des goûts, des textures, des teintes, des lignes/courbes — délicatesse, harmonie délicieuse, fruits d’efforts, de retenue, de contraintes — dualité tout humaine.
Une pleine présence à ces loisirs*, un long instant quasi méditatif.
Le Japon m’apparaît comme une savoureuse émulsion de tradition, de modernité et de présent.
*oui, pour moi, manger est un hobby
Enso
Enfin, pour entrevoir l’éclat du bouddhisme zen, je vous laisse avec l’enso ⁴ qui, je trouve, résume bien cet état d’esprit de simplicité (loin d’être facile) et de puissance, et donc d’équilibre des forces. Équilibre de vie.
Audrey et ses souvenirs d’encres, le 30 mai
¹ https://www.le-blog-du-bol.fr/raku-ceramique/
² https://juliasini.fr/les-origines-du-raku/
³ https://www.ammaterre-raku.com/la-philosophie-du-raku
Sites consultés le 22/05/2024 à 10:47
⁴ https://nospensees.fr/enso-le-cercle-zen-de-la-plenitude-et-de-lillumination/
Site consulté le 3/04/2024 à 10:21
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