« IL ÉTAIT UN P’TIT CHEVAL BLANC… » #lachronique

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Jeudi 5 heures #06/06/2024

 …qui sera bientôt dans mon second livre

 

 

Je me présente : Quieto,

 

coupé sport Espagnol (Cruzado*, ils disent, avec le Ɛ et la couronne tatoués sur la cuisse). J’ai grandi en Espagne, où j’ai pris quelques coups dans les oreilles, puis j’ai été content de venir en France. Et ensuite, à 9 ans, j’ai été le premier cheval d’Audrey.

 

 

 

Audrey, elle a 23 ans et des rêves plein les yeux. Je suis le troisième qu’elle vient voir. La première était une splendide portugaise, venue d’Espagne aussi – trop de boulot pour rééduquer les paramètres hispaniques… Le second, un adorable tout terrain de 12 ans – elle le voulait plus jeune. Le troisième c’est moi – et même si j’étais très content là où j’étais, je suis aussi très content de changer d’air. Je suis curieux. Et un peu taquin. Mais bon ça, elle va vite s’en apercevoir…

 

 

 

 

Le 13 mai 1999

 

… j’ai même retrouvé la date de son arrivée au ranch. Mon premier cheval. C’est pas rien, le premier. C’est même beaucoup.

Ça vous marque un cheval – et pas qu’avec ses dents, ses chutes ou ses sabots.

 

Acheté avec mon premier salaire et mes rêves d’enfant. Je viens d’avoir 24 ans. Un immense pré avec des copains, dans une petite écurie à cinq minutes de la plage. Carrière, boxes, petit cross et chemins de balade.

Premier lendemain d’euphorie, j’arrive avec mes carottes et son licol : les chevaux sont tout au fond. Je l’appelle, je m’approche. Ils viennent tous, sauf lui. Il reste au fond. Il me regarde. Bien en face. Et il s’en va. Et plus je m’approche, plus il s’éloigne.

Ah.

 

 

C’était la première fois que je voyais ça : un cheval qui ne venait pas vous voir quand on arrivait dans son parc (avec de la bouffe, en plus).

 

Les deux premiers mois, il a été simultanément :

Désillusion, joie, colère, incompréhension, satisfaction, frustration, remise en question, doute et enthousiasme. Simultanément, ça paraît beaucoup, mais c’était à peu près ça. Et ça a été très long.

Bref. J’ai dû revoir pas mal de mes croyances, et il m’a appris plein de trucs.

 

 

13 septembre 2023

 

Je n’avais pas du tout prévu d’écrire ce bouquin, jusqu’à cette date. Mon second livre, c’était Manuel de survie en milieu humain, déjà à moitié écrit et en attente d’être terminé.

Et puis un certain vendredi matin d’une semaine pleine d’émotions, je me suis levée, j’ai ouvert mon ordi, j’ai choisi une de mes photos préférées, et j’ai écrit cinquante pages.

 

 

25 ans

 

25 ans après la mort de Maman, les mots sortent enfin : en ordre, au jour, propres et habillés, pas tout à fait en rang par deux mais presque.

La colère, l’incompréhension, la tristesse s’en sont allés suffisamment loin. Restent les souvenirs, les apprentissages (du plomb dans la cervelle, elle appelait ça), des sourires épicés de chagrin doux-amer, mais c’est justement ça qui donne leur saveur à certains moments. C’est comme le wasabi, tout est une question de dosage.

 

Aujourd’hui, Quieto n’est plus là non plus. Une absence de 500 kilos – on les sent, quand ils s’en vont.

 

 

Le cheval, à mi-chemin entre un membre de la famille et un animal de compagnie. Mi-humain, mi-animal.

Mon petit cheval a été particulièrement important dans ma vie. Ce livre sera mon livre de cœur ; j’espère qu’il vous plaira. Moi il me plaît déjà, depuis le début, depuis ce vendredi matin-là. Il est ma joyeuse évidence de 2024.

 

 

 

Pause écriture

 

Et pour finir de l’écrire, j’ai besoin de retourner dans ma grotte, replonger dans le manuscrit, les pages, mélange d’encre et de clavier. Retrouver l’atmosphère, abolir le temps, ressentir la tiédeur de mon petit cheval, me poser, l’écouter, écrire.

 

Quand je suis dans ces moments d’écriture – bulle, apnée, plongée – il m’est très difficile d’en parler. Je reste dans la présentation un peu superficielle, sans aller au-delà. Face à la feuille-écran, je pose mon inspiration, je transmets l’élan des mots pensés au mouvement des mots écrits.

Lorsqu’il m’est arrivé de les parler, ces mots, avant de les écrire, j’ai eu l’impression qu’ils se dispersaient dans l’atmosphère, dans l’espace, dans la parole, dans le son même de ma voix, que ces mots, libérés de ma bouche, échappaient alors à mes doigts et à la feuille blanche.

Il paraît que c’est naturel quand on écrit, je ne suis donc pas la seule à ressentir cette… dispersion.

 

Je retourne donc dans ma grotte, je serai un peu moins présente à l’extérieur (pas de salons ou autres sorties officielles prévues), et moins bavarde sur les réseaux**.

 

 

Une dernière faveur à vous demander

 

J’aimerais faire de la #30e chronique (ça tombe le jeudi 4 juillet – c’est le jour de la St Florent, on ne sait jamais, si ça peut vous inspirer), une chronique pas comme les autres, un peu comme si c’était #lafetedelachronique… ça sonne bien, non ?

 

Une façon de clore la première saison, de vous faire participer (incognito, hein, je ne citerai aucune de mes sources, promis ! Sauf si la source veut qu’on la cite, bien sûr).

Rien de compliqué : envoyez-moi juste un mot (drôle, bizarre, étonnant…), une idée (surtout si elle est farfelue), une phrase… Proverbe stupide, poème déjanté, chanson, recette de cuisine ou mode d’emploi délirant…

Je ne pense pas que vous serez 80 à me répondre, mais juste 4 ou 5 me suffiront pour concocter une première fête de la chronique réussie.

Il vous reste 3 semaines pour m’envoyer vos idées à ecrire@audreyfario.com

À vos élans créatifs, je compte sur vous !

 

Par exemple, jeudi prochain, 13 juin, nous fêterons Saint Antoine de Padoue – ça devrait m’inspirer quelques trucs, pour la #27e chronique (et peut-être de quoi vous donner des idées pour la #30e ?)

 

 

Audrey, impatiente de replonger dans son bouquin, le 3 juin 2024

 

*https://fr.wikipedia.org/wiki/Cruzado_(cheval)

Site consulté le 5/06/2024 à 13:14

**si, c’est possible (j’ai pas dit que c’était facile)

 

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