Quieto, vida y muerte
en cours d’écriture – parution prévue OCTOBRE 2024
« La langue espagnole est bien plus douce quand il s’agit de parler de vie et de mort. Plus de douceur, c’est ce dont nous avons besoin aussi pour penser (ou panser, avec un a) ces idées-là… »
1999. Je venais de fêter mes 25 ans et je réalisais mon plus grand rêve d’enfant : acheter un cheval, avec mes premiers honoraires.
C’était un joli petit cheval gris, il s’appelait Quieto, il avait 9 ans, mi-espagnol mi-portugais, totalement ingérable au début. Dans son immense pré, dès qu’il voyait quelqu’un venir le chercher il se cachait derrière tout ce qu’il pouvait ; à découvert, il partait en courant. S’il avait su grimper aux arbres ou creuser un trou, il l’aurait fait. Impossible à attraper. Mon plus beau rêve s’est vite transformé en une immense désillusion pleine de colère. Un bon début.
Quelque semaines plus tard, n’ayant toujours pas réussi à le coincer pour le revendre en pièces détachées, je réfléchissais d’abord aux raisons de ma déception. Puis à une façon plus adaptée pour le faire changer d’avis.
En fait, je n’avais juste rien compris aux chevaux malgré dix ans d’équitation. C’est lui qui m’a (un peu) appris comment parle un cheval.
La première chose qu’il m’a apprise, c’est à changer mon angle de vue devant l’obstacle,
à écouter, à m’adapter, à m’ouvrir à l’autre. C’est un peu ça l’équitation, et c’est un peu ça la vie entre humains aussi.
La deuxième grande leçon qu’il m’a donnée, a été sa mort : je n’avais rien compris au sens de ma vie
Sa sagesse espiègle et remuante m’accompagne toujours 24 ans après.
Je lui suis d’une reconnaissance infinie.
Je lui devais bien un bouquin, non ? S’il savait lire, il le ferait.
D’ailleurs, qui a dit qu’il ne savait pas lire, d’où il est, peut-être en haut d’un arbre ?
Audrey, toujours en larmes à ses côtés, le 13 septembre 2023